Anne descend

whysilife 162

Dans sa chambre, seule, Anne à un déclic. Un récit de son Maitre la chamboule, la fait dégoupiller. Mais que va-t-elle faire ? L’envie est là. Pressante, folle, mais l’angoisse aussi.

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Chapitre 1 – Il était une fois

Le Maître avait maintenu la pression depuis le matin. Pas frontalement. Par petites touches, comme on joue d’un instrument qu’on connaît par cœur. Un SMS au réveil, simple, presque banal : « Mets ton collier. » Une photo dans la matinée, dénichée sur Twitter : une femme à genoux, les seins marqués de pinces, la tête baissée. Rien de spectaculaire, mais assez pour imprimer une trace dans l’esprit d’Anne. Puis, une vidéo courte, volée à un compte obscur, montrant une soumise marcher en laisse, de nuit, dans une rue presque vide. Quelques secondes suffisaient. Anne avait regardé, le souffle suspendu. Chaque fois, le téléphone vibrait et chaque fois, son ventre réagissait avant même que ses pensées ne prennent le relais.

À midi, il avait franchi un cran. Ils déjeunaient en ville, terrasse banale, rien de sulfureux. Il avait attendu le café pour écrire, sans la regarder, comme si de rien n’était : « Enlève ton soutien-gorge. Tu rentreras seins nus sous ton gilet. » Elle avait obéi, bien sûr. Elle s’était levée pour aller aux toilettes, s’était déshabillée dans le silence étroit de la cabine, avait rangé la dentelle dans son sac. Quand elle était revenue, assise face à lui, il n’avait pas souri. Il n’avait rien dit. Mais elle avait vu dans ses yeux cette lueur d’évidence : il savait. Et elle, elle sentait déjà la caresse du tissu rêche contre ses aréoles tendues.

Le trajet retour avait été une douce torture. Elle marchait, gilet fermé, petite jupe qui découvrait ses cuisses à chaque pas. Le monde autour continuait sa vie, mais dans sa tête, chaque regard croisé devenait suspect. L’ont-ils vu ? Deviennent-ils complices malgré eux ? Elle se sentait mise en vitrine, invisible et pourtant dévoilée. Et c’était là le piège savamment posé : l’exhibition n’avait pas besoin d’être réelle pour la consumer, il suffisait qu’elle en ait l’impression.

Puis, silence. L’après-midi s’était étirée sans un mot. Pas de message. Rien. Elle avait travaillé, vaguement concentrée, mais chaque minute portait le poids de ce vide voulu. C’était sa façon de tendre le fil : donner, serrer, relâcher, laisser la corde vibrer seule.

Le soir venu, elle s’était réfugiée dans sa chambre. Lumière douce, fenêtre entrouverte. Elle s’était installée sur le lit, jambes croisées, téléphone en main. L’écran s’était allumé et elle avait vu ce qu’il lui avait laissé. Pas une consigne, pas une photo cette fois. Une histoire. Écrite de sa main.

Elle avait commencé à lire. Et dès les premières phrases, elle s’était sentie basculer.

Il la décrivait chienne. Pas une insulte. Pas une caricature. Une chienne dévergondée, libre, enragée de plaisir. Dans le texte, elle puisait son exaltation dans sa honte, et cette équation l’ébranlait : honte = carburant. Lui savait retourner cette lame contre elle, transformer ce qu’elle avait toujours fui en moteur. Le décor ? Un lieu sombre, arboré. Pas une forêt romantique, non. Plutôt une clairière nocturne, l’air humide, la terre collante, les arbres formant un cercle étroit. Un espace clos où tout résonne plus fort.

Elle lisait, et son corps suivait. Elle sentait la peur, oui. Mais au lieu de lutter, elle la laissait vivre. La peur devenait compagne, pas ennemie. Son souffle se modifiait, léger d’abord, plus court ensuite. Les images dansaient dans son esprit et, déjà, ses tétons se dressaient sous le gilet, douloureux et délicieux à la fois.

Tu y es. Tu es là-bas.

Dans l’histoire, elle aboyait. Le mot l’avait frappée. Aboyer. Pas gémir, pas pleurnicher. Non, aboyer avec ferveur. Un son cru, animal, sans filtre. Elle s’était vue, tête renversée, gorge offerte, la bouche ouverte sur ce cri brut. Elle s’était vue libre, passionnée, endiablée. Et ce mot-là, endia­blée, elle l’avait relu deux fois. Parce qu’il disait exactement ce qu’elle n’osait pas penser d’elle-même.

L’histoire avançait. Elle se donnait en spectacle. Elle roulait au sol, salissait sa peau de terre, léchait les pompes de son Maître avec une dévotion joyeuse. Elle se frottait à lui, se cambrait, le suppliait du regard sans un mot. Autour, ils étaient là. Les spectateurs. Pas un public bienveillant. Non. Des silhouettes masculines, anonymes, leurs yeux rivés sur elle. Des queues sorties, dures, serrées dans leurs mains. Pas un bruit, pas un commentaire. Juste cette présence lourde, muette, perverse. Et eux, ils se régalaient de la voir ainsi, offerte, roulée dans sa propre honte devenue jouissance.

Ils me regardent. Je les regarde. Et au lieu de fuir, j’attise le feu.

Le texte la montrait consciente de leur désir, jouant avec, les provoquant. Un défi. Un spectacle obscène et sacré à la fois. Et dans ce spectacle, elle vainquait ses démons. Sa honte, son doute, sa peur — tout devenait force. Elle n’était plus enfermée. Elle brûlait dans la lumière crue de leur regard.

Anne sentait son ventre se tordre en lisant. Son dos s’était collé contre l’oreiller. Son téléphone tremblait légèrement dans sa main. Elle avait passé sa langue sur ses lèvres sans s’en rendre compte. Son autre main, posée sur la cuisse, avait bougé toute seule, frottant doucement le nylon du bas.

Elle respirait plus vite. L’histoire entrait en elle, sans résistance. Chaque phrase était un coup de boutoir contre ce qui restait de ses barrières. Elle n’avait pas besoin de l’imaginer longtemps : elle se voyait déjà chienne, roulée dans la boue, aboyant avec ferveur, les yeux plantés dans ceux des spectateurs. Elle les excitait. Elle le savait. Elle se sentait puissante d’être leur perversion.

Dans sa chambre, ses seins nus sous le gilet se tendaient comme deux signaux. Elle avait mordu sa lèvre, presque jusqu’au sang. Il le sait. Il savait que ça me ferait exploser. Elle continuait à lire, mais chaque mot devenait plus difficile à saisir, ses yeux flous d’excitation. L’histoire était en train de la faire dégoupiller.

Anne lit. Les lignes défilent sur l’écran de son téléphone, et chaque mot est une claque. Plus elle avance, plus elle se sent acculée. Coincée. Non pas dans l’histoire, mais dans sa chambre, dans ce lit trop étroit pour contenir tout ce qui monte en elle. Son souffle s’accélère. Je n’ai plus d’air. Elle suffoque presque, mais ce n’est pas la peur qui serre sa poitrine, c’est l’envie. Une envie brute, lourde, qui l’étreint, qui pulse dans ses veines.

Son cœur tape fort. Chaque battement cogne dans ses tempes comme un rappel : tu es vivante, tu es en train de basculer. Elle serre le téléphone dans sa main, les doigts crispés, les paumes moites. Ses yeux avalent les phrases, mais son corps a déjà compris avant son cerveau.

Elle en a marre. Marre de reculer toujours au dernier moment. Marre de chercher des prétextes, des phrases polies pour détourner les questions. Marre de se justifier, de se cacher derrière ses faiblesses. Marre de se sentir coupable à chaque fois qu’elle trébuche. Marre de décevoir son Maître. Cette pensée lui brûle la gorge : Je l’ai déçu tant de fois.

Elle voulait vivre autre chose. Elle le savait depuis longtemps, mais ce soir, devant cette histoire qu’il avait écrite pour elle, elle comprenait enfin. Pas une compréhension tiède. Pas une idée qui trotte en arrière-plan. Non. Une vérité qui s’impose, éclatante, brutale. Il m’attendait. Depuis toujours. Pas depuis des mois. Pas depuis leurs premiers jeux hésitants. Depuis des années.

La révélation l’écrase et l’élève en même temps. Elle revoit son regard, ses phrases. Descend tes marches. Toi seule peut le faire. Elle les avait entendues tant de fois. Elle avait cru qu’il exagérait. Qu’il la poussait trop loin. Mais ce soir, elle comprend. Il avait raison. Lui, il ne pouvait pas descendre à sa place. C’était à elle de plier les genoux, de tomber à ses pieds. À elle de s’offrir. C’était son rôle. Sa place.

L’écran luit dans l’ombre de la chambre. Elle continue de lire, mais plus rien ne freine. La curiosité est là, mais c’est une curiosité gourmande, avide, affamée. Chaque mot est un morceau de chair qu’elle dévore. Elle se voit dans le texte. Offerte. Indécente. Impudique. Mais libre. Libre parce qu’elle cesse enfin de se débattre.

Elle. C’est elle. Pas une héroïne inventée. Pas une fiction pour les autres. Elle. Chienne. Salope. Elle l’accepte. Elle le respire. Elle le laisse la traverser. Ces mots, qu’elle aurait refusés hier encore, se posent sur sa peau comme une évidence.

Dans l’histoire, elle est le réceptacle du plaisir ultime de chaque homme présent. Ils la regardent, ils la prennent du regard, ils se servent d’elle pour nourrir leur propre vice. Elle ne recule pas. Elle ne rougit plus. Elle est là pour ça. Et plus elle l’assume, plus elle se sent vivante.

Dans son lit, ses tétines sont dressées, dures, douloureusement éveillées sous le tissu du gilet. Sa chatte suinte. Elle le sent, humide déjà, impatiente. Elle oublie la fatigue de la journée, elle oublie ses maux de ventre. Tout ce qu’elle croyait être des excuses s’efface. Assez.

Elle sent la chienne en elle. Une chienne qui gratte à la porte, qui veut exister, qui veut hurler. Elle sent aussi la femme. Pas la femme sage, bien mise, polie. La femme qui veut vivre sa soumission jusqu’au bout. La soumise qui veut faire plaisir à son Maître. Pas seulement par des mots, pas seulement par des promesses. Par des actes. Par son corps. Par son abandon.

Elle veut le satisfaire. Elle veut le faire bander, dur, violemment. Elle veut le faire jouir, briser cette distance qu’elle a trop longtemps entretenue par peur. Elle veut qu’il la regarde, qu’il sache qu’elle n’est plus en fuite.

Un feu s’éveille en elle. Pas une flamme discrète. Un incendie. Une digue cède. Elle le sent, c’est irréversible. Ce soir, elle ne remettra pas à demain. Ce soir, elle ne trouvera pas de détour.

Elle jette un coup d’œil à l’écran, encore. L’histoire continue, plus sale, plus obscène. Elle rit presque, un rire nerveux qui lui échappe. C’est ça. C’est moi. C’est moi que tu écris. Elle n’est plus lectrice, elle est actrice. L’histoire n’est plus sur le téléphone. Elle est dans ses veines, dans sa gorge, entre ses cuisses.

Elle se lève. Pas d’hésitation. Son corps bouge avant que sa tête ne formule quoi que ce soit. Ses jambes la portent, sa respiration est haletante, ses doigts tremblent. Elle se lève comme on se rend. Comme on se jette au combat. Comme on accepte enfin sa vérité.

Elle est debout, nue sous son gilet, le collier posé à portée de main. Elle le sait : c’est l’instant. Plus de fuite. Plus de recul. Plus d’excuses. Ce soir, Anne est plus Anne que jamais.

Chapitre 2 – La descente

La penderie s’ouvre dans un souffle discret, et Anne sait déjà ce qu’elle va choisir. Pas d’hésitation. Ses mains trouvent les bas couleur chair, lisses, simples, presque sages. Elle les enfile lentement, sentant la matière glisser le long de ses jambes, moulant ses cuisses, dessinant son abandon.

Elle choisit ensuite une jupe simili cuir, très courte, vraiment très courte. La jupe qu’elle évite toujours, trop criarde, trop évidente. Ce soir, elle n’évite plus. Elle l’attrape, l’enfile, ajuste la taille, vérifie dans le miroir la limite impudique entre l’acceptable et le vulgaire. Vulgaire ? Et alors. Son Maitre dira, c’est lui seul qui juge, il n’est que son avis qui compte. Son ventre se serre, mais elle ne détourne pas le regard.

Une veste cintrée, noire, qu’elle laisse ouverte. Dessous, rien. Ni dentelle, ni voile pour tricher. Juste la nudité brute de ses seins, de ses aréoles dures, dressées, offertes au tissu et à l’air. Assumée. Affirmée. Elle se regarde encore, et pour la première fois, elle ne cherche pas à corriger ce qu’elle voit. Elle ne cache pas, elle ne rajuste pas. Elle s’accepte dans ce qu’elle est : une femme prête à se salir pour son Maître, une soumise qui ne se défile plus. Une pointe de fierté. Non. Pas une pointe. Une foutue vague !

Le feu en elle crépite. Un mélange d’excitation et d’angoisse, si puissant qu’elle n’arrive plus à distinguer l’un de l’autre. Tout lui paraît vrai, trop vrai. Son ventre se noue à chaque respiration, ses poumons peinent à suivre le rythme. Son cœur tape fort, cogne dans sa poitrine comme un tambour de guerre. Ses tétons se dressent, ses aréoles gonflées témoignent de ce désir qui ne peut plus être nié. Elle lève la main, effleure la pointe dure, et frissonne.

Elle ferme les yeux. Inspire. Expire. Elle tente de garder son calme, mais c’est une illusion. Ce n’est pas du calme qu’elle veut. C’est la tempête. Une tempête sale, belle, furieuse. Elle le sait.

Alors elle agit. Elle quitte la chambre. Éteint la lumière derrière elle. Un clic sec, et l’obscurité envahit l’espace. Son refuge disparaît. Devant elle, l’escalier s’ouvre comme un chemin rituel. Elle y pose un pied, puis l’autre, droite, fière.

Le mantra revient, implacable. Une marche…

Ce n’est pas qu’un escalier. Elle le comprend dans sa chair. Chaque marche descendue n’est pas qu’un mouvement physique. C’est un basculement intérieur. Elle plonge dans sa luxure, pas à pas. Reviennent les mots de son Maitre au sujet de l’escalier, écrit dans un autre récit. Oui, les marches…

Elle prend le temps. Elle ne se précipite pas. Elle savoure chaque marche, comme on savoure une confession qui arrache et libère en même temps. Une marche… encore… Elle sent le bois sous ses talons, le bruit feutré de son souffle dans la cage d’escalier, le frottement de sa veste qui balance légèrement autour d’elle.

Quelque chose tombe en elle. Pas un bruit, pas un effondrement brutal. Non, quelque chose cède doucement, comme une digue qui se fissure et laisse passer l’eau. Une barrière de honte, de doute, de peur. Elle sent que ça s’efface, que ça se dilue dans ce qu’elle devient.

L’euphorie la saisit par vagues. Elle a envie de rire et de pleurer tout à la fois. La peur est là aussi, terrible, tenace. Son ventre se serre plus fort, ses jambes tremblent un instant. Elle s’agrippe à la rampe, reprend son souffle. Que va-t-il arriver ? Qu’est-ce que je vais découvrir ? Elle n’a pas de réponse, et c’est précisément ce vertige qui la grise et la terrorise.

Elle descend vers la dévergondée en elle. Elle le sent. Chaque marche la rapproche de cette part d’elle qu’elle a toujours niée, toujours tenue à distance. Chaque marche la dépouille d’une excuse, d’un masque, d’une fuite. Elle ne descend pas seulement vers le salon. Elle descend vers elle-même.

Son Maître est en bas. Elle le sait. Elle le sent. Il est son totem, son guide, sa voie. Elle a tourné autour de cette évidence trop longtemps. Ce soir, elle y va.

Une marche encore. Son souffle est court. Ses cuisses se frottent, moites sous le cuir. Ses doigts se crispent sur la rampe. Ses yeux se brouillent.

La dernière marche.

La lumière du salon filtre dans l’obscurité de l’escalier. Une clarté chaude, presque trop vive après la pénombre. Elle reste immobile une seconde, suspendue. Elle inspire profondément, un grand bol d’air, comme on prend la mer d’un seul élan. Ses épaules se redressent. Son menton se lève.

Elle sait. Elle le sent. Dans un instant, il n’y aura plus aucun retour en arrière possible.

Son ventre brûle, son sexe pulse, sa poitrine se soulève. Elle est prête à tout. Absolument tout. Elle le sait, il le sait. Son Maître va exploiter cela. Il ne manquera pas de le faire. Et c’est justement ce qu’elle veut. Être exploitée par lui, utilisée, façonnée. De la façon qu’il le souhaite, où il le souhaite, comme il le souhaite, avec qui il le souhaite.

Elle n’a plus de conditions. Elle n’a plus de limites. Elle n’a plus de mots.

Elle n’a qu’une certitude : elle veut obéir. Le satisfaire. Le faire bander, dur. Le faire jouir. Elle veut être sa chienne.

Anne s’avance, portée par cette flamme. Ses talons claquent doucement sur le sol. La lumière du salon l’avale. Elle respire encore, fort, comme pour garder la tête hors de l’eau.

Elle redresse les épaules, se cambre, fière, assumée, libre, elle libère ses mamelles, et enfin, elle entre dans le salon.

Chapitre 3 – Le Choc

Un pas. Deux. Elle avance dans le salon. Mais quelque chose cloche. La télé n’est pas allumée. Pas de série en fond sonore, pas ce bruit rassurant qui, d’ordinaire, meuble le silence de leurs soirées. Non. Ce soir, la pièce est baignée d’une musique électronique lente, hypnotique. Un down tempo qui emplit l’espace comme une brume, lourde et envoûtante.

Anne se fige, immédiatement troublée. Ses yeux parcourent la pièce, cherchent son Maître à sa place habituelle, sur le canapé. Mais le canapé est vide. Un vide qui la frappe plus fort qu’un cri.

Elle panique. Son cœur s’emballe. Où est-il ? Ses yeux fouillent les recoins, s’accrochent aux ombres. Et soudain, elle le voit. Sous la verrière, dans un fauteuil qu’il occupe rarement, il est là. Calme. Maître de la scène. Il ne dit rien encore, mais son regard est déjà sur elle.

Anne voudrait se rassurer, se raccrocher à ce qu’elle connaît. Mais alors, elle les entend. Des voix. Des rires étouffés. Masculins. Trois. L’angoisse lui coupe les jambes. Elle se fige. Sa respiration se bloque dans sa gorge.

Trop tard.

La panique gronde en elle. Tout se mélange : la honte, l’effroi, l’envie de disparaître. Elle se voit ridicule, pathétique, dans sa tenue de salope — jupe courte, bas couleur chair, veste ouverte sur ses seins nus. Qu’est-ce que je fous là ? Elle voudrait être ailleurs. Invisible. Mais les voix emplissent la pièce, réelles, indéniables.

Alors, il parle.

« La voilà. »

Sa voix, posée, claire, fend la musique. Il la regarde, un grand sourire franc, lumineux, sincèrement heureux de la voir. Pas un sourire ironique. Pas un piège cruel. Non. Un sourire de fierté.

Anne chancelle intérieurement. Elle ne comprend plus rien. Le vertige la prend. Les silhouettes se taisent. Trois hommes se tournent vers elle, leurs yeux la détaillent, la toisent, en silence.

Son Maître reprend, d’une voix douce mais ferme : « Viens, ma chienne. Viens au pied, ma fille. »

Elle obéit. Pas parce qu’elle réfléchit. Pas parce qu’elle choisit. Mais parce que son corps avance tout seul, tiré par la force de ses mots. Elle s’approche, ses talons résonnent sur le parquet, ses jambes tremblent mais tiennent. Elle s’agenouille à ses pieds, dans un mouvement fluide, naturel, presque mécanique.

Il pose sa main sur sa tête, caresse ses cheveux, l’effleure comme on apprivoise une bête sauvage. « Voilà. Bien. Bonne fille, Anne. Bonne fille. Tu es très belle. »

Un son sort de sa gorge, incontrôlé. Un petit aboiement. Elle se crispe aussitôt, rougit, détourne les yeux. Ridicule. Et pourtant vrai. Elle se sent nue, exposée, traversée par la honte. Mais dans ce ridicule, il y a aussi une forme de vérité brute, un aveu qui ne se nie pas.

Elle est gênée. Elle ne comprend pas ce qui se passe. Qui sont ces hommes ? Pourquoi sont-ils là ? Elle sent l’angoisse encore, lourde, qui s’accroche à ses tripes. Mais son instinct sait. Elle n’a pas besoin de réponse. Son corps sait déjà la place qu’il doit prendre.

Son Maître se tourne légèrement vers les invités. Sa voix résonne, fière, assurée : « Alors, messieurs, cette petite chienne, avec ses belles et lourdes mamelles, n’est-elle pas appétissante ? »

Anne ferme les yeux une seconde. Les mots s’enfoncent en elle comme une lame lente. Elle devient l’objet de leurs regards. Une bête de foire. Une offrande. Elle ne lutte pas. Pas cette fois. Elle n’a pas besoin de savoir qui ils sont, ni pourquoi ils sont là. Elle est consentante, parce qu’elle est soumise. C’est bien son choix.

La luxure, elle voulait la rencontrer. Elle l’avait appelée, sans savoir quand, ni comment. Elle croyait encore pouvoir décider du moment, choisir son instant de bascule. Mais ce soir, il lui a arraché le contrôle. Et c’est précisément ce qu’elle attendait de lui, depuis toujours.

Il lui offre un écrin. Pas un écrin doux, pas un cocon. Un écrin brut, violent, inattendu. Mais parfait. Le cadre dont elle avait besoin pour céder vraiment.

Elle admire son habileté. Son intelligence. Sa cruauté tendre. Elle l’admire et elle cède. Ici. Maintenant. Dans ce scénario qu’elle n’avait pas anticipé, et qui pourtant la révèle plus qu’aucune mise en scène prévue.

L’angoisse s’effile. Elle se détend, un peu, respire enfin. L’air entre dans ses poumons, lourd, chargé, mais libérateur. La honte est toujours là, mais elle est douce, enveloppante, presque chaude. Une honte qu’elle caresse au lieu de la fuir.

Elle baisse la tête, docile. Ses joues brûlent, mais son ventre brûle plus fort. Elle est au pied de son Maître. Son Maître qui l’exhibe fièrement devant d’autres, qui la réduit à son rôle d’animal, qui caresse ses cheveux comme on caresse sa bête.

Et elle se sent bien. Enfin.

Oui, elle est sa chienne. Oui, elle est à sa place. Et elle a hâte. Hâte de tout faire pour lui. Hâte de le servir. Hâte de lui donner du plaisir, de le voir bander, de le voir jouir, fièrement, devant eux.

« Mets-toi à genoux, ma fille. Allez, à genoux. Pattes dans le dos. Voilà, sage. »

Sa voix résonne, claire, ferme, sans appel. Anne obéit aussitôt. Ses genoux heurtent le tapis, ses mains rejoignent son dos dans un mouvement automatique. Elle s’offre à lui, dans la posture exacte qu’il réclame. Elle n’a plus le choix, plus d’échappatoire. Elle est là, dans la lumière du salon, sous les yeux de trois hommes qu’elle ne connaît pas. Il la montre. Il l’exhibe fièrement.

Elle, elle se montre docile. Soumise jusqu’au bout, incapable de se cacher désormais. Tu es là. Assume. Son cœur bat trop vite, mais sa tête s’incline, et elle reste immobile, fière et sage.

Il la caresse, d’abord les cheveux, puis descend vers ses seins nus. Il joue avec ses mamelles, les prend dans ses mains comme pour les présenter à l’assemblée. Ses gestes ne sont pas tendres. Ils sont possessifs. Il leur montre qui est le propriétaire, qui domine, qui commande. Et qui, à genoux, obéit sans discuter.

Il définit la place de sa chienne, et la sienne. Elle accepte. Mieux : elle s’en nourrit. Fière. Fière d’être là, à ses pieds. Fière qu’il soit assez fort, assez sûr de lui pour la montrer comme on montre un trophée, un bel objet, un bien précieux. Il y a là quelque chose de très masculin, un peu puéril même, comme un gamin qui sort sa plus belle voiture pour impressionner ses copains. Mais cette fierté l’excite. Elle mouille. Ses cuisses collent légèrement. Ses tétines durcissent d’un coup, douloureuses et délicieuses à la fois.

Elle est son jouet. Rien d’autre. On la regarde, on la scrute, on l’admire. Elle sent les yeux lubriques, salaces, posés sur elle. La perversion transpire de chaque mâle présent. Et elle aime ça.

Ils sont trois. Trois clichés, trois hommes bien réels. Un black massif, armoire à glace, qui ressemble à un fantasme de porno. Ses épaules semblent remplir le fauteuil où il est assis, sa carrure écrase la pièce. À côté, un type bedonnant, mal assuré. Celui-là ne doit pas souvent croiser une femme comme Anne. Ce soir, il jubile intérieurement, ça se voit à son sourire maladroit. Et puis, le plus jeune. Vingt ans, vingt-cinq tout au plus. Encore dans cette fougue où tout est à tester. Une MILF, pour lui, c’est un fantasme pur. Et ce fantasme, il va l’assouvir avec elle. Anne le comprend d’instinct. Plaire à un jeune… amusant. Excitant.

Elle reprend place, docile, au pied de son Maître. Sage. Silencieuse.

Il parle. Sa voix grave emplit la pièce. Posé, calme, sûr de lui, il répond aux questions de ses invités. Il raconte le dressage, l’éducation patiente, la rigueur avec laquelle il a façonné sa femme pour en faire « ça » : une chienne docile, obéissante, fière de l’être. Ses mots sont précis, mesurés, mais chargés d’une autorité indiscutable.

Anne l’écoute. Et en l’écoutant, elle fond. Il parle d’elle, il parle pour elle, et elle sent à quel point il est attaché à elle. À quel point ce rôle ne pouvait être offert à une autre. À quel point elle est unique, irremplaçable. Sa fierté grimpe en flèche. Elle est la sienne. Sa création. Son œuvre.

Elle voudrait le remercier. Pas avec des mots. Les mots ne suffisent plus. Comment ? Son instinct répond à sa place. Son instinct de soumise qui s’installe, qui prend racine en elle.

Elle se met à quatre pattes. Sans prévenir. Son gros cul offert à la vue des trois invités. La jupe de cuir remonte, dévoilant ses fesses, son intimité déjà humide. Elle sent l’air frais mordre sa peau nue. Elle sait ce qu’elle montre. Elle sait ce qu’elle provoque. Et ça la fait trembler de plaisir.

En même temps, elle se penche vers lui. Son Maître aime être nu-pieds à la maison. Elle va en profiter. Sa bouche se pose sur son pied. D’abord un baiser, timide, déposé comme une offrande. Puis un deuxième. Plus long. Puis sa langue sort, lèche lentement, avec dévotion. Elle ne joue pas. Elle prie. C’est religieux. C’est tendre, malgré le feu qui brûle en elle.

Autour, elle entend les réactions. Des rires gras. Des mots qui claquent. « Putain, quel cul ! » « Regarde-moi ça, cette salope. » « Bravo mec, putain, respect. » Des félicitations qui fusent, adressées à son Maître. On l’applaudit, on le salue pour son éducation, pour la discipline, pour la manière dont il a su transformer sa femme en chienne docile, offerte, magnifique. Les insultes tombent aussi, comme des caresses sales. « Salope. » « Chienne. » « Gros cul. » Elle les encaisse, et au lieu de l’écraser, elles la portent.

Elle est bien là. À sa place. Cul en l’air, offerte à leur regard, sa bouche collée au pied de son Maître. Elle lèche avec lenteur, avec ferveur, avec religion. Elle veut qu’il sente à quel point elle l’adore, à quel point elle lui appartient. Chaque coup de langue est un merci, chaque baiser est une confession.

Elle entend les voix autour, mais elles s’éloignent. Il ne reste plus que lui. Lui et ce pied qu’elle embrasse, qu’elle baise comme on baise une bouche. Elle sent son sexe couler, sa fierté gonfler. Elle est réduite à rien, et c’est tout ce qu’elle voulait.

Son Maître est là, serein, fier, implacable. Sa main revient sur ses cheveux, l’encourage, la guide, la caresse. Et elle sait : elle est exactement là où elle doit être.

Chapitre 4 – Adoubée

Elle resta longtemps ainsi, penchée sur le pied nu de son Maître. Ses lèvres embrassaient, sa langue léchait, ses dents frôlaient la peau avec délicatesse. Elle se donnait en spectacle, volontairement, pleinement, sans détour. Chaque baiser était une déclaration muette : je suis à vous. Chaque coup de langue affirmait : regardez ce que vous avez fait de moi. Elle offrait son corps comme une preuve vivante de son consentement. Elle le disait sans parler : je ne suis rien, ceci est mon accord, je suis prête à tout, faites de moi ce que vous voulez, ordonnez, et j’obéis.

Le salon tout entier était devenu son théâtre. Les trois hommes regardaient, silencieux, les yeux brillants d’une lubricité brute. Mais elle, elle n’était concentrée que sur lui. Sur son Maître. Il la laissait faire, savourait l’instant, fier de sa chienne qu’il exhibait sans complexe. Quand enfin il jugea que le message était assez clair, il tira doucement sur sa laisse imaginaire, et elle comprit. Elle se rassit, docile, au pied de son Maître.

Il caressa sa tête, ses cheveux, puis ses seins. Ses doigts agrippèrent ses mamelles, les pressèrent avec lenteur, presque en public. Elle sourit. Son corps frémit de plaisir. Ses yeux pétillaient. Oui, l’angoisse était encore là, tapie dans l’ombre. Oui, la peur subsistait. Mais ce n’était plus la même. C’était une peur plus douce, moins coupante, presque enveloppante. Elle ne savait pas expliquer comment, mais elle se sentait légère, comme portée par cette tension qui autrefois l’aurait détruite.

Le Maître la montra encore, fièrement, comme on montre une pièce rare. Sa main tapota sa tête. Anne fit la belle, releva le menton, aboya tendrement, sans résistance. Elle était sa chienne. Et elle se montrait telle qu’il l’avait façonnée.

Les verres étaient vides, l’heure avançait. Le Maître se leva. « Bien, messieurs, on va y aller. » Puis il se tourna vers elle. « Allez, Anne, à quatre pattes. Tu nous suis, ma fille. »

Elle obéit. Sans question. Sans discuter. Ses mains et ses genoux se posèrent au sol. Le mouvement était douloureux : son vieux genou, abîmé par un accident de ski, grinçait, mais elle n’en montra rien. Elle traversa le salon, à quatre pattes, lentement, avec la dignité maladroite d’un animal dressé. Son Maître tapa sur sa cuisse. « Allez, ma fille. »

Elle avança, docile, vers le vestibule, puis le couloir d’entrée. La porte était grande ouverte. Dehors, les trois hommes attendaient. Elle leva les yeux vers son Maître qui la précédait déjà. « À quatre pattes, fille. À quatre pattes. »

Elle obéit. Elle aboya encore, d’un ton doux, soumis. Sans poser de question. Obéir. Simplement obéir. Rester à sa place. Faire plaisir.

Le froid du bitume mordit ses genoux quand elle passa le seuil. Elle était dehors, en pleine rue, à quatre pattes, entourée d’hommes qui la scrutaient. La honte aurait dû l’écraser, mais ce fut l’inverse : elle se redressa intérieurement. Fière.

« Tu es garé loin ? » demanda son Maître à l’un des invités.

« Non, juste là, vingt mètres. Le SUV blanc. »

« Allez. »

Il sortit une laisse et l’attacha à son collier. Anne sentit le cliquetis métallique, le tir léger qui l’asservissait davantage. Et son cœur bondit. Elle était fière. Fière d’être tenue ainsi. Fière d’être déshumanisée, réduite à une bête que l’on promène. Elle adorait ça.

À quatre pattes, sa jupe remontée, son cul offert, ses seins lourds ballottant sous sa veste ouverte, elle avança, tenue en laisse, devant les regards des hommes. Elle mouillait. Son sexe coulait littéralement, chaud, vibrant, à l’idée d’être vue ainsi.

Les trois invités ralentirent. Ils ne montèrent pas tout de suite en voiture. Ils restèrent là, savourant le spectacle qu’on leur offrait. Le conducteur ouvrit le coffre du SUV. Le Maître tira doucement sur la laisse. Elle comprit. Elle n’aurait pas droit au confort d’un siège. Pas même celui de s’asseoir à leurs côtés. Non. Elle voyagerait dans le coffre. Comme une chienne. Une vraie.

Elle ne protesta pas. Elle ne supplia pas. Elle pensa d’abord non, pas comme ça. Puis, la seconde suivante, elle comprit. Non, ce n’était pas une humiliation gratuite. C’était un cadeau. Il lui offrait tout. Tout ce qui faisait d’elle une chienne, une vraie. En la traitant comme telle, il la respectait. Oui, il la respectait pour ce qu’elle était. Pour ce qu’elle avait accepté de devenir. Non, mieux ! Elle se devait d’être honnête avec elle : pour ce qu’elle avait envie d’être.

Cette pensée lui réchauffa le cœur. Elle pencha la tête, embrassa sa chaussure avant de grimper dans le coffre. Geste d’amour. Geste de soumission. Geste de remerciement.

À l’intérieur, une couverture avait été disposée. Elle la sentit sous ses genoux, douce, rassurante. Elle apprécia l’attention, le détail. Son Maître pensa toujours à elle, même dans la brutalité. Il détacha la laisse, la laissa libre dans ce petit espace clos.

Le coffre se referma dans un claquement sec. L’obscurité l’enveloppa. Les sons se firent étouffés. Elle entendit encore les voix, les rires, le froissement des vêtements, puis le moteur s’alluma. Le véhicule se mit en route.

Anne n’était plus humaine. Elle n’était plus une femme. Elle était une chienne que l’on transportait dans le coffre d’une voiture. Et elle acceptait ce rôle, avec une sérénité troublante.

Où m’emmènent-ils ? La question traversa son esprit, mais sans angoisse. Elle se souvenait de ce petit chemin, à Roubaix, sombre, désert, où elle avait, quelques semaines plus tôt, fait une crise de panique qui avait duré des heures. Une descente aux enfers qui s’était achevée par une discussion libératrice, qu’elle avait fui pendant des années.

Et voilà qu’aujourd’hui, elle se retrouvait ici. Dans un coffre. Déshumanisée. Mais paradoxalement, apaisée. Elle était à sa place. Enfin.

Elle sourit dans l’ombre. Sereine. Elle ferait ce qu’on lui dirait. Et si, par miracle, on lui laissait une marge de liberté, alors elle montrerait ce qu’elle était vraiment. Elle montrerait la chienne qui sommeillait en elle depuis toujours.

Chapitre 5 – Le cercle

Elle avait été un peu secouée, ballottée par les virages, mais rien de dramatique. Dans le coffre, elle s’était allongée, les jambes repliées contre elle, comme une bête qui économise ses forces. Elle sentait son souffle régulier résonner contre les parois de métal. Puis la voiture ralentit. Les pneus crissèrent sur le gravier. Enfin, elle s’immobilisa.

Le moteur se tut. Le silence tomba. On ouvrit les portières, on les referma. Mais personne ne vint tout de suite pour elle.

Anne ne pensa à rien. Pas de scénario catastrophe. Pas d’imagination affolée. Rien. Juste l’attente. Sagement. Comme une chienne qui sait que son maître viendra.

La confiance. C’était ça qui l’habitait. Depuis des années, il lui faisait confiance. Il avait lu en elle bien avant qu’elle-même ne le puisse. Et tout ce qu’il avait dit, tout ce qu’il avait annoncé, elle le voyait se réaliser, pas à pas. Alors elle resta calme, silencieuse, offerte. Confiance.

Quelques minutes passèrent. Puis enfin, le haillon s’ouvrit. Son Maître apparut. Elle leva les yeux vers lui. Et son visage s’illumina. Il y avait dans ses yeux des étoiles, les mêmes que dans ceux de son Maître. Ils se comprenaient, sans un mot. Il avait ce sourire carnassier, pervers, assumé. Et elle, elle répondit par un sourire doux, presque enfantin, puis par un aboiement tendre.

Il attacha la laisse à son collier. « Debout, ma fille. »

Elle se redressa.

Le conducteur était là. Mais pas les deux autres. Juste lui, le bedonnant, avec ses gestes maladroits mais excités. Le Maître tendit la laisse au conducteur, sous son regard à elle, docile et muette.

« Allez Anne ! Viens ma belle, viens », lança le bedonnant, la voix chargée d’un plaisir grossier.

Elle le suivit. Son Maître souriait, derrière, fier et calme, surveillant la scène.

Ils prirent la direction du petit chemin. Celui-là même où, quelques semaines plus tôt, elle avait connu l’une des pires crises de panique de sa vie. Un souvenir amer, douloureux, marqué au fer rouge dans sa mémoire. Mais ce soir, rien. Juste une trace lointaine. Une cicatrice qu’elle ne craignait plus.

Elle marcha fièrement. Les mains croisées dans le dos, les seins lourds et découverts, la jupe trop courte qui ne cachait rien. Ses mamelles rebondissaient à chaque pas, offertes au regard de celui qui tenait sa laisse. Elle était détendue. Elle savait son Maître là, tout proche, et cela suffisait à lui donner de la force.

Ils s’engagèrent sur le chemin. La lumière des lampadaires s’éteignit peu à peu derrière eux. Les arbres se resserraient, dessinaient des ombres épaisses. Le silence s’installait, profond, presque inquiétant. Anne avançait. Elle avait l’impression de marcher vers elle-même, vers son essence de chienne. Et pour la première fois, elle s’y sentait bien.

La terre sous ses talons était encore humide. L’air sentait la pluie tombée les jours précédents. Mais elle n’avait pas froid. Elle avançait, impatiente. Pas de plan. Pas de projection. Tu es chienne, comporte-toi comme tel. Ne pense pas. Obéis.

Ils marchèrent encore quelques minutes. Aucun bruit, sinon leurs pas. Le silence devenait rituel.

Soudain, le bedonnant s’arrêta. Il se tourna vers elle.

« Voilà Anne, à quatre pattes, la fille. Allez, à quatre pattes. »

Elle obéit aussitôt. Sans réfléchir. Sans protester.

« Allez, on avance. »

Adieu les bas. Ses genoux s’enfoncèrent dans la terre humide. Le nylon colla aussitôt à la boue. Qu’importe. On lui avait donné un ordre. Elle avança. Péniblement, mais fièrement.

Le chemin s’élargit soudain, débouchant sur une sorte de clairière artificielle. Un espace plus grand, bordé d’arbres serrés. D’un côté, un grillage haut. De l’autre, un mur de pierres couvert de mousse et de végétation. Une impasse. Aucun échappatoire.

Un instant, l’angoisse la saisit à la gorge. Tu es piégée. Mais elle inspira profondément. Non. Reste là. C’est ta place.

« Voilà Anne », dit l’homme. « Fais la belle. Aboie. »

Elle se redressa légèrement sur ses genoux, leva le menton et aboya. Un son clair, ridicule et sublime tout à la fois.

« Encore, fille. Encore. Et regarde. »

Elle continua. Ses aboiements emplirent l’air nocturne. Et elle regarda.

Les silhouettes apparurent. Pas seulement les deux hommes de la maison. Non. Plus. Beaucoup plus. Des hommes, venus de nulle part, surgissant de l’ombre. Ils se tenaient là, en cercle. Des dizaines de regards tournés vers elle.

Le bedonnant lui prit sa veste, la retira d’un geste. Sa poitrine se dévoila totalement, lourde, offerte, sous la lueur parcimonieuse qui filtrait entre les branches.

On lui indiqua une place au centre. Le cercle se referma.

Elle comprit. Elle allait être le spectacle. Le centre de toutes les attentions. La chienne exhibée.

La fierté gonfla en elle, en même temps que l’excitation. Oui. Voilà. Chienne jusqu’au bout.

Chapitre 6 – Libérée

Le cercle s’était formé. Les silhouettes s’étaient resserrées, dessinant une barrière de corps et de regards autour d’elle. Anne, docile, y entra à quatre pattes. Ses genoux s’enfonçaient dans la terre humide, ses mains se tachaient de poussière. Le silence était épais, percé seulement par quelques rires bas, quelques respirations lourdes.

Un claquement de doigts. Son Maître. Elle comprit aussitôt. Elle posa sa gueule sur le sol, front contre terre, en signe d’allégeance. Puis, lentement, religieusement, elle tira sur le bas de sa micro-jupe. Le tissu glissa sur ses cuisses, dévoilant peu à peu sa nudité. Elle laissa durer le geste, comme une offrande sacrée. Enfin, elle se défit complètement du tissu. Il tomba dans la boue. Elle resta nue, offerte. Prête.

Les félicitations des mâles fusèrent. Des voix graves, des mots crus, des insultes même, mais qui, pour elle, résonnaient comme des louanges. Elle sentit leurs yeux sur sa peau, sur sa chute de reins, sur son sexe dévoilé. Elle vibrait. La honte et la fierté se confondaient, tressant en elle une excitation insupportable.

On lui ordonna d’aboyer. Fort. Longtemps. Elle obéit. Les sons sortirent de sa gorge, bruts, animaux, sans filtre. Elle aboya, encore et encore, jusqu’à s’en érailler la voix. Et dans ce vacarme, elle se sentit libre. Chaque aboiement était un cri. Une façon d’évacuer son passé, de se délester des fuites, des excuses, des culpabilités. Elle aboyait pour exalter le présent, pour le vivre intensément. Elle n’était plus une femme hésitante. Elle était une chienne.

Son Maître vint lui rattacher la laisse. Le cuir claqua sur l’anneau de son collier. Elle sentit cette emprise familière et en frissonna. Il la conduisit à quatre pattes, et devant chaque homme du cercle, il s’arrêta. Elle comprit. Sans broncher, elle se pencha pour lécher religieusement chaque chaussure. Sa langue traça des sillons humides sur le cuir, la poussière, parfois même la boue. Elle ne protesta pas. C’était sa mission : honorer, montrer, obéir.

Puis, dans un élan qu’elle ne calcula pas, elle frotta sa chatte humide contre la jambe d’un inconnu. Le nylon déchiré, la peau contre le tissu rugueux. Elle gémissait presque, le regard levé, suppliant qu’on la reconnaisse pour ce qu’elle était. Elle fit ensuite la belle, relevant le menton, aboyant avec énergie. L’un d’eux rit, posa sa main lourde sur ses mamelles, les malaxa. Elle gémit.

Le tour terminé, son Maître la ramena au centre du cercle. Les hommes se resserrèrent autour d’elle. Pendant une seconde, elle se sentit oppressée, enfermée. L’air manqua. Mais aussitôt, une autre sensation surgit : sécurité. Le cercle n’était pas une menace. Il était une barrière protectrice. Elle était encerclée, oui, mais encerclée d’attention, de désir. Elle pouvait se libérer.

Alors, elle se roula au sol. Ses genoux et ses mains se salissaient, mais elle s’en moquait. Elle se mit sur le dos, pattes en l’air, poitrine et sexe offerts, totalement vulnérable. Les mains vinrent aussitôt. On la caressa, on l’encouragea, on la félicita, on l’insulta. Les mots pleuvaient comme des caresses sales : « chienne », « pute », « belle salope ». Et elle les buvait comme autant de preuves de son adoubement.

Enfin, l’heure des récompenses arriva. Elle n’eut aucun avertissement. On lui fourra la gueule. Un sexe dur entra dans sa bouche, sans douceur. Puis un autre homme, derrière, la prit sans vergogne. Le cul ouvert, rempli. Elle suffoquait presque, mais elle obéissait, elle servait. Elle était fière du spectacle qu’elle offrait. Elle sentait leurs yeux sur elle, admirant sa déchéance, sa soumission.

Autant qu’elle le put, elle aboya encore, gorge pleine, cul pris. Ses sons étaient étouffés, grotesques, mais puissants. Elle ne jouait pas. Elle se vivait.

Et enfin, ce qu’elle attendait. Les giclées. Chaudes, épaisses, violentes. Dans sa gorge, sur son visage, sur ses seins. Elle en reçut partout. Elle en avala, par réflexe et par gourmandise. Sa frénésie était telle qu’elle en réclamait encore, qu’elle ouvrait grand la bouche, avide. Son corps entier vibrait, ivre de cette crasse qu’elle transformait en gloire.

Quand le cercle se relâcha, elle était couverte de jus. Sa peau collante, son odeur saturée de foutre. Mais elle souriait.

Son Maître s’approcha, la rattacha à sa laisse. Il la releva. Debout, nue, maculée. La troupe l’accompagna jusqu’à la voiture. Personne ne parlait plus. Ils savaient ce qu’ils venaient de voir.

Elle reprit place dans le coffre. On avait replacé la couverture, comme si elle devait retrouver un nid. La porte se referma. Le silence retomba. Un silence intime.

Elle pensa à son Maître. À ses yeux, à son sourire carnassier. Elle revit tout ce qu’elle venait de vivre. Son cœur s’emballa encore. Une chaleur intense monta en elle. Elle avait aimé. Elle avait adoré. Vraiment.

Elle était adoubée.

Elle s’était elle-même adoubée.

Elle avait trouvé sa place.

Et elle n’avait plus qu’une hâte : l’explorer, jusqu’au bout.

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